La Façade de Notre-Dame

Le point de départ de Paris se mesure à partir de la cathédrale de la ville. Sur le parvis ce point est matérialisé par un disque inséré au sol. Il se trouve à la tête d’une ancienne rue, la rue Neuve Notre Dame, qui quittait le cathédrale vers l’ouest. Si aujourd’hui cette rue n’existe plus, c’est pour offrir au spectateur une vue dégagée de la façade de la cathédrale.
Cette façade servait de toile de fond pour jouer les mystères, ces pièces médiévales qui montrait les scènes des Évangiles – qui animaient, en somme, les images gravées dans la pierre. Il, faut, en outre imaginer ces pierres peintes. Aux volumes des formes les couleurs donnaient vie.
De la terre au ciel, une image de l’univers se déploie sur la façade. Elle est conçue en carré surélevé des deux clochers. Mais ce carré intègre des arcs et surtout le cercle de la rosace, qui ne devient rien d’autre que l’auréole de la Vierge, sujet de l’hymne qui s’offre à nos yeux. Elle porte l’Enfant dans ses bras, comme si elle nous montrait la Bonne Nouvelle. De part et d’autre de cette statue, vous voyez Adam et Eve, les premiers hommes, notre origine historique. L’Histoire par la suite se décline dans la galerie des rois. Ce sont les rois de l’Ancien Testament, que la tradition populaire confond volontiers avec les rois de France. Confusion funeste, puisqu’à le Révolution, on renverse ces rois. Nous avons depuis retrouvé un nombre de leurs têtes; elles sont conservées aujourd’hui au Musée de Cluny. Pendant soixante dix ans, ces niches demeurent vides. Elles renaissent du travail des architectes, Violet-le-Duc en tête, qui se fait représenter parmi ces rois.
Au sol s’offre une Histoire de l’Église. La Vielle Loi, avec les yeux bandés et la bannière rompue, et la Nouvelle Loi avec les yeux ouvert et la bannière au vent. Aux extrémités, on trouve Saint-Étienne auquel fut dédiée l’ancienne cathédrale et Saint Denis, le premier évêque de Paris.
Entre ces quatre personnages qui ornent les quatre contreforts, les trois portails, les trois entrées de la cathédrale. L’entrée n’est pas unique, mais tripartite, tout comme Dieu est unique et triple. Une porte représente la vie de la Vierge avec son couronnement au sommet. La porte centrale raconte notre destin à nous tous; le Jugement Dernier, avec le Christ en majesté veillant sur le partage. La dernière porte résume l’histoire de l’édifice. Elle était destinée à l’ancienne édifice, mais elle a été replacé ici. Initialement prévue pour célébrer la Vierge, elle est dédiée à Sainte Anne, sa mère. D’où la confusion dans les images, avec une Nativité et une Vierge en majesté, mais également avec une représentation de la Visitation.
Les édifices sont vivants, tant qu’ils sont utilisés; au gré de leurs usages et des événements ils changent, grandissent, mais aussi sont meurtris et guéris. Construite, supprimée occulté puis à nouveau révélée, la façade de Notre Dame reflète à elle seule la vie de l’église, comme de l’Église. Elle a changé avec de nos conceptions de l’édifice comme de l’institution à travers les âges. Jadis, lieu sacré, centre de Paris, aujourd’hui, nous la voyons comme un monument du passé, la symbole de la ville et l’expression d’un peuple, mais aussi comme un point de départ – l’ancrage du passé pour construire l’avenir.